Maisons en ruine, usines désaffectées, graffitis… Pour certains, ce sont des verrues dans le paysage urbain. Pour d’autres, ce sont de véritables trésors.


Les passionnés d’urbex, c’est-à-dire d’exploration urbaine, sont constamment à la recherche de nouveaux lieux à découvrir. Armés de bonnes chaussures, d’une lampe de poche ou encore d’un appareil photo, ces nouveaux explorateurs partent à la découverte d’endroits inaccessibles et souvent dangereux : gardien à l’entrée, façades écroulées, plancher manquant… Leur objectif : découvrir les traces du passé, d’un héritage industriel oublié. En Belgique et en France, l’urbex s’est développé principalement à la fin des années 1990. En Roumanie, c’est plus récent. Pourtant le pays regorge de bâtiments, de style art déco ou datant du communisme, désormais à l’abandon.

urbex11.jpgA Bucarest, le site internet « InterestingTimes » propose depuis moins d’un an des visites sur le thème Beautiful Decay. Sergiu, le guide, nous emmène dans les rues du centre-ville à la découverte de bâtisses exceptionnelles et pourtant délabrées, à l’abandon. « Comme ce sont des maisons classées comme bâtiment historique, cela coûterait trop cher au propriétaire de les rénover, et l’Etat ne les aide pas. D’ici quelques années, ces maisons se seront sûrement écroulées », regrette Sergiu. Cet ancien enfant des rues, aujourd’hui parfaitement inséré, connaît tous les coins et recoins de la capitale roumaine.

 

urbex2Pour la suite de la visite, il faut quitter le centre-ville, aller à l’extrême-est de la ville, en métro. Là, derrière une enseigne commerciale se cache un immense complexe industriel abandonné depuis les années 1990. L’adresse ne sera pas donnée : l’urbex est un loisir très secret, les urbexeurs ayant tendance à garder leurs bonnes adresses pour eux-mêmes, à se faire discrets pour ne pas attirer l’attention et se voir interpellés par la police, car la grande majorité de ces lieux sont interdits au public. Pourtant, la démarche des passionnés est purement artistique, les urbexeurs ne sont ni des squatteurs, ni des casseurs. Ce sont des amoureux d’un patrimoine qu’on laisse à l’abandon.

La visite de cette fricheurbex1 industrielle, où se trouvait une « usine militaire », selon Sergiu, et une fabrique de médicaments durera plus d’une heure. Une fois les chiens errants éloignés, c’est un dédale de chemins et de batîments qui s’offre au visiteur. Ça et là, des graffitis, des bombes de peinture, des gravats… Sergiu nous emmène sur les toits d’un ancien immeuble, pour admirer la vue. « J’aime venir ici et boire quelques bières, seul, pour réfléchir. » Là où certains ne verraient que des bâtiments en ruine, lui voit tout un patrimoine industriel, une histoire. « Je trouve ça beau. »

 

Pour plus d’infos : interestingtimes.ro (visite d’environ 4 heures, pour 150 lei)